Elkabbach met Morano sur le grill!

Nadine Morano, interviewée par Jean-Pierre Elkabbach ce matin sur Europe 1

On avait quitté Nadine Morano véhémente sur le plateau du Grand Journal de Canal+, on la retrouve avec la même virulence ce matin sur Europe 1, au micro de Jean-Pierre Elkabbach. Heureusement qu’il n’est pas là pour passer les plats, le bon Jean-Pierre…

Par Norbert PREMIER

Ouf, je suis rassuré. Moi qui pensais que Nadine Morano n’avait pas eu l’occasion de laver l’honneur présidentiel hier soir sur Canal+, un certain réconfort m’a envahi ce matin en écoutant l’interview de la même Nadine Morano par Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1.

« Depuis 2008, Nicolas Sarkozy a fait lever le secret défense sur toutes les pièces [du dossier de l’attentat de Karachi], l’enquête est en cours… » lui a asséné Morano. « Mais pourquoi alors les socialistes réclament-ils encore aujourd’hui la levée totale du secret défense? » coupe Elkabbach. « Écoutez, je vais vous dire une chose, lui rétorque Morano, je voudrais que le respect de la présomption d’innocence ne soit pas le monopole de la droite. Je voudrais entendre aussi les socialistes avoir un peu de lucidité lorsqu’ils s’expriment, notamment sur le président la république ou sur d’autres personnalités qui peuvent être mises en examen, mais pas condamnés… » Et Jean-Pierre de la couper à nouveau pour rebondir sur Gaubert et Bazire. Ouf encore, j’ai bien cru que Morano allait répondre à la question initiale, mais Elkabbach ne lui en a pas laissé le temps. Il aime bien ça, Jean-Pierre, couper les gens, pour les déstabiliser et aller ainsi au fond des choses.

C’est ainsi qu’il a obtenu un scoop de la bouche même de Nadine Morano : « il n’y a pas de secret de l’instruction, tout le monde sait tout, » lui assène Elkabbach faisant référence au communiqué de l’Élysée hier dans lequel il était affirmé que le nom du président de la République était totalement absent du dossier d’instruction. « L’avocat de Nicolas Bazire a dit à la sortie [de la garde à vue de son client] que le nom du président n’apparaissait pas dans la procédure… » « Vous voulez dire que c’est de là que c’est parti », la coupe encore Jean-Pierre, en référence au communiqué de l’Élysée faisant état de cette information, qui appartient d’ordinaire au secret de l’instruction. « Oui. Et deuxièmement, poursuit Morano, un article du 1er décembre 2010 disait aussi qu’au regard des pièces de procédure, le nom du président de la république n’apparaissait pas. Donc, tout cela est dans la sphère publique et médiatique. » Nous voilà rassurés, je dirais même plus, rassérénés!

Sauf qu’une petite recherche dans les archives me mène vers deux articles concernant l’affaire. Le premier date du 30 novembre 2010, dans Le Figaro (ici). S’il s’attarde sur la réticence de Nicolas Sarkozy, alors ministre du budget, à la vente de sous-marins au Pakistan, il fait néanmoins état dans l’un de ses derniers paragraphes de la mention du nom de l’actuel président de la république dans l’un des volets du dossier (la création d’une « société écran » [Heine] au Luxembourg en charge de la gestion des commissions et des supposées rétro-commissions). Le deuxième provient du JDD, et lui est daté du 1er décembre (c’est là). Et au contraire de ce qu’affirme Nadine Morano, il y est également fait mention de la présence du nom de Nicolas Sarkozy dans certaines pièces du dossier concernant cette vente au Pakistan.

Je pourrais m’attarder sur toutes les questions éminentes posées par Jean-Pierre Elkabbach, mais ce serait une perte de temps… tant sa réactivité est légendaire dans cet exercice. Pour ceux qui ne me croient pas, je vous invite à regarder l’interview en « Replay » sur le site d’Europe 1 (c’est par ici).

Et puisque nous sommes vendredi, j’attends avec impatience le long papier d’enquête sur l’affaire Karachi dans le Journal Du Dimanche à venir. Avec Nadine Morano comme témoin privilégié ? Rien n’est moins sûr…

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